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Mustapha Kharmoudi - romancier auteur
Cette rubrique vous présentera ses oeuvres, nouvelles, textes autobiographiques qui entrent totalement dans la logique de Paroles d’Hommes et de Femmes... n’oubliez pas que nous sommes dans la partie coups de coeur du site...
Mustapha Kharmoudi est né au milieu du siècle dernier (1950 ?) à Benahmed (petite bourgade perdue dans l’arrière-pays de Casablanca). Scolarité à Khouribga et à Casablanca. Puis Besançon et Dijon pour des études supérieures.
Militant syndicaliste et politique depuis les années 70. Cela lui a valu une interdiction de séjour au Maroc de Hassan II pendant 17 ans (d’où une vision particulière de l’exil).
Il a occupé des postes de responsables d’équipements culturels et sociaux. En particulier, il a été Directeur de la Maison de la Méditerranée (Belfort) dont le grand orientaliste Jacques Berque en était le Président d’honneur.
Mustapha Kharmoudi a publié de nombreux contributions sur les questions d’immigration et sur les problématiques qui lui sont liées (intégration, politique de la ville, racisme, communautarisme, etc.)
Publications littéraires :
– de nombreux poèmes et nouvelles dans des revues littéraires.
2 romans :
– « Le temps des chacals »
– « Une petite vie marocaine »
2 recueils de poésie :
– « D’exil et de peine »
– « Vagabondages »
A paraître :
– « La saison des figues », recueil de nouvelles
– « Un voyage d’orient », roman historique.
Pour mieux connaître l’auteur, visitez son site http://kharmoudi.mustapha.free.fr
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O Besançon
1er juillet 2009, par Frederic Praud
C’est en fin de journée que je suis arrivé à Besançon. Je me souviens encore de ce choc inqualifiable. Je tremblais de peur et de joie. Cette intense émotion, je ne pense pas l’avoir éprouvée à un autre moment de ma vie, ni avant ni après. À part peut-être ma première note à l’école quand j’avais six ans : c’était un dix sur dix. Et pour ne rien te cacher, c’était même nettement plus fort que la première fois où j’avais fait l’amour.
Ô (…)
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L’endeuillement... par Mustapha Kharmoudi
16 juin 2009, par Frederic Praud
Je m’étais réveillé ce matin-là avec le même cauchemar. Qui me hantait depuis un quart de siècle déjà. J’étais en sueur. Et en larmes. Incapable de prendre la mesure de mon effondrement. Pourtant il m’aurait été salutaire de regarder enfin la vérité en face. Il m’aurait été bénéfique de faire le deuil. Une bonne fois pour toutes. Au-tant que faire se peut. Il m’aurait suffi de nommer comme on nomme un bébé ma souffrance et ma béance. Ma souffrance et ma béance. Ma béance. Et construire un (…)
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Le secret de ma mère... par Mustapha Kharmoudi
14 juin 2009, par Frederic Praud
La journée avait mal commencé. C’était l’été et les trop longues vacances scolaires. Ma mère tenait à ce que je l’accompagne pour la visite rituelle des tortues d’eau douce. Elle savait que j’aimais le bassin où vivaient ces petites bêtes avec qui notre tribu était liée par un mystérieux serment ancestral. Il est vrai que le bassin des tortues était l’unique endroit où nous pouvions nous baigner par grande chaleur. D’abord j’avais refusé mais et elle avait tellement insisté et j’avais cédé à (…)
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La Maîtresse d’école par Mustapha Kharmoudi
11 juin 2009, par Frederic Praud
C’était à la fin des années cinquante, le Maroc venait d’accéder à l’indépendance. J’étais écolier au fin fond de ma campagne, une région isolée de tous les centres urbains. Aujourd’hui encore, lorsque l’on veut se moquer des ruraux, on dit qu’ils viennent de mon bled perdu. J’habitais une maison entourée d’une haie infranchissable de cactus qui protégeait nos deux huttes. Nous étions très pauvres, mais à ce moment-là, je ne le savais pas vraiment ; beaucoup de gens vivaient dans les mêmes (…)
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L’orage par Mustapha Kharmoudi
10 juin 2009, par Frederic Praud
C’était la saison des moissons. Comme tous les ans, mon père nous avait quitté pour aller louer ses bras loin de notre tribu. Ça devait durer trois à quatre semaines. Il nous avait laissé sous la protection de notre oncle, son frère aîné. C’était un homme sans scrupule mais nous lui devions respect et obéissance, comme s’il était notre propre père. Et cette fois-là, ses enfants et sa femme s’étaient absentés parce que le grand-père maternel était mourant. Ma mère avait délégué ma sœur aînée (…)
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L’immigré... par Mustapha Kharmoudi
9 juin 2009, par Frederic Praud
J’en ai marre les médecins les infirmières répètent tout le temps détendez-vous détendez-vous tu parles de détendez-vous j’aimerais bien t’y voir moi à ma place cloué dans ce lit sans pouvoir bouger la tête et les bras ça te gratte là derrière l’oreille tu es obligé d’attendre que ça passe à cause de ce stupide accident ils disent détendez-vous fais-moi plutôt ma piqûre cette douleur atroce elle me prend depuis la nuque jusqu’au bas du dos même jusqu’aux orteils je suis pris comme une souris (…)