Accueil > X BD sur les migrants depuis un siècle. > LA BANDE DESSINÉE MIGRANTE - répertoire > "Terre d’Accueil", l’intégration par la métaphore

"Terre d’Accueil", l’intégration par la métaphore

co-édition Sarbacane/Amnesty International

samedi 26 juin 2010, par PHF

"Cette fiche fait partie du répertoire de la bande dessinée migrante créé par Paroles d’Hommes et de Femmes. Ce répertoire est destiné aux enseignants, éducateurs, associations, collectivités qui souhaitent utiliser la BD ayant pour thèmes la migration, l’altérité, l’intégration, comme une source de lien social et d’action éducative"


Terre d’Accueil

Scénario et dessins : Alessandro Tota

co-édition Sarbacane/Amnesty International

Parution : 2010

Planches : 120

Thématiques : intégration, amour, différence.

L’histoire : 

Ayant d’abord délaissé solitude des montagnes, froid et épaisse fourrure pour une verte vallée, Yéti quitte ce petit coin de paradis (qu’une commune voisine a transformé en décharge hautement toxique) pour gagner la grande ville. La cité se montre peu accueillante : Yéti est tellement différend. Malgré tout, il trouve logement et emploi : un job dans une entreprise de télémarketing. Cependant, ses difficultés à communiquer (Yéti à un langage parfaitement incompréhensible) et ses handicaps physiques ne tardent pas à lui attirer les foudres de ses collègues, puis de ses supérieurs qui préfèrent le cantonner à l’entretien des WC. Le soir, dans son petit studio, Yéti se sent triste et bien seul. Jusqu’au jour ou attiré par le cliquetis bruyant des clefs de son voisin de pallier, il jette un regard par l’œilleton : en guise de voisin, c’est une bien jolie voisine (certes un peu éméchée) qu’il entrevoit. Yéti en tombe immédiatement amoureux. Quelque temps plus tard, au lavomatic, il tente une approche. Mais sa maladresse et l’habituelle méfiance de la jeune femme à l’égard de la gent masculine, le font échouer. Pourtant, le soir même, elle l’invite à prendre un café dans son appartement. Comble de bonheur : elle fait peu de cas de ses différences, le comprend parfaitement quand il s’exprime et vit les mêmes difficultés d’intégration… 

Sorte de Barbapapa bravasse et naïf au regard perdu, tout droit sorti d’un conte fantastique, Yéti permet à Alessandro Tota d’offrir à son récit deux angles de réflexions. Le premier, à l’évidence, utilise la créature rose bonbon (si incontestablement différente) comme point d’ancrage à une exploration permettant d’appréhender les difficultés de l’intégration pour tous ceux que les hasards ou les choix ont poussé vers un ailleurs qui n’est pas chez eux (le deviendra t-il ?) : ces fameux étrangers catalysant souvent rancœurs, voire haine, dans nos sociétés soi-disant humaines et civilisées. Le message est clair (celui de l’intégration), mais le dessinateur, grâce à ce personnage atypique, le sert avec nuances, en évitant les pièges d’un militantisme frontal et démago : la douceur et la poésie au service de l’engagement. Le second s’étire en filigrane tout au long du récit, au rythme du ton poétique insufflé par l’attendrissante bestiole. Ainsi, au-delà des difficultés à s’intégrer, c’est un véritable manque d’amour dont souffre notre héros : un vide abyssal qu’il s’apprête à combler en se reniant. D’où la question essentielle posée par le récit : faut-il inévitablement oublier celui que l’on était pour espérer plaire et s’adapter à son nouvel environnement ? Pour parvenir à ses fins, Alessandro Tota s’en sort techniquement sans difficulté : la narration est fluide, le récit équilibré, les dialogues riches sans pour autant devenir étouffant, le dessin frais et à la mesure de la tendresse que nous inspire ce drôle de Yéti.

On aime la structure narrative de conte dénonçant la quasi-impossibilité d’une insertion sociale et professionnelle des immigrés en France, le personnage poétique et universel qui déconstruit la réalité et le parcours initiatique sur fond de rencontres amicales, l’histoire d’amour impossible mais extraordinaire de cet ouvrage.

L’auteur : Alessandro Tota est né en Italie en 1982. Diplômé de l’académie des Beaux-Arts de Bologne, il fait partie des fondateurs de la revue Canicola (Prix BD Alternative au festival d’Angoulême 2007). Il a réalisé des illustrations pour de nombreux magazines dans toute l’Europe. Son travail a été exposé à Bologne, Naples, Milan, Helsinki, Paris, Leipzig et Hambourg. Terre d’accueil est son premier album.

Informations tirées de :

http://www.planetebd.com/BD/bande-dessinee-Terre-d-accueil-9266.html
http://www.boutique.amnesty.fr/bd-terre-d-accueil.html


Avis de Lionel :

Yéti, un être au physique peu ordinaire et au langage incompréhensible, débarque en ville. Il se heurte rapidement aux difficultés de son intégration mais tombe amoureux. Un album qui traite de la différence, de l’intégration et de la migration avec poésie. Le personnage est peu commun, il est attirant, universel.


Voir en ligne : La Bande Dessinée : Les Migrants

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.